Grands textes

La gauche au service de la France


Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Le Monde, édition du 22 septembre 2007.
Depuis deux décennies, il a manqué au Parti socialiste un projet pour la France, ambitieux et crédible.


La gauche au service de la France
Le Parti socialiste a été longtemps, et presque par nature, un parti d'opposition. Il a fallu les institutions de la Ve République pour qu'il devienne un parti de gouvernement, et François Mitterrand pour inscrire son action dans la durée. Durer, toutefois, n'est pas un projet. L'Europe à laquelle a été sacrifiée, en 1983, la perspective sur laquelle était fondé le parti d'Epinay nous a inscrits dans le mouvement de la "globalisation" sans nous permettre de l'infléchir. Le peuple français a dit non à cette Europe-là, le 29 mai 2005.

La perspective "fédéraliste", illusoire en fait dès le départ, a désormais fait long feu. L'Europe est constituée d'une trentaine de nations qui ne veulent pas disparaître et le font savoir. Quant au rêve d'une Europe qui serait une "plus grande France", il n'a pas résisté à la réalité des élargissements successifs. L'Europe est et restera une coopérative de nations dont, avec d'autres, nous pourrons essayer de faire évoluer le contenu. En tout état de cause, la France, elle, restera.

Je ne pense donc pas que ce soit par inadvertance que François Hollande, dans son discours de La Rochelle, a assigné comme tâche aux socialistes de se mettre "au service de la France". Depuis deux décennies, en effet, il a manqué au Parti socialiste un projet pour la France, ambitieux et crédible à la fois. Là est la raison de l'échec de la gauche aux trois dernières élections présidentielles.

Il faudra bien entendu inscrire ce projet dans une géopolitique européenne et mondiale. Comment rester les alliés des Etats-Unis sans pour autant devenir leurs vassaux ? Et si nous devons chercher à créer avec l'Allemagne une véritable solidarité de destin, cela ne signifie pas que nous devions toujours lui emboîter le pas, et encore moins sacrifier notre modèle au sien. Celui-ci n'est pas sans mérite, mais la République ne se résume pas à la subsidiarité.

Dans l'Europe à vingt-sept, la France n'est pas structurellement majoritaire. Elle doit nouer des alliances avec les grands comme avec les petits pays européens, et renforcer ses partenariats avec de grandes puissances comme la Russie, le Brésil, l'Inde, la Chine et, même si ce n'est pas aujourd'hui à la mode, en créer demain avec la Turquie et l'Iran. La France enfin doit rester fidèle à sa vocation méditerranéenne et africaine. C'est ainsi et non en nous alignant sur la politique de George W. Bush qu'une gauche républicaine pourra donner à la France les marges de liberté qu'aujourd'hui elle a perdues ou est en train de perdre.

La gauche doit d'autant plus élaborer un projet pour la France que Nicolas Sarkozy, ayant affiché vis-à-vis des électeurs un très fort volontarisme politique, va se trouver confronté à une impuissance de fait, à laquelle il n'est d'ailleurs pas étranger. Le traité dit "simplifié" va encore la renforcer : euro de plus en plus surévalué dont il n'a pas obtenu, dans cette négociation bâclée, qu'il soit l'affaire des gouvernements ; politique commerciale négociée entre MM. Mandelson et Lamy ; politique budgétaire sous surveillance de la Commission, surenchérissant sur les dispositions du pacte de stabilité de 1997 ; politique industrielle, enfin, à la merci des oukases de Nelly Kroes, commissaire à la concurrence. Si libéral qu'il soit, le nouveau président de la République va trouver très vite, en Europe, plus libéral que lui.

Une critique sans principe serait, pour la gauche, une erreur. La gauche doit se définir non par rapport à Nicolas Sarkozy, mais par rapport à un projet pour la France. Et celui-ci doit s'appuyer sur la critique de la "globalisation" en prenant, bien sûr, tous les moyens de l'infléchir. Si le socialisme en effet s'est toujours défini d'abord comme une critique du capitalisme, nous sommes dans la réalité, et c'est pour la modeler que la gauche peut légitimement vouloir revenir au gouvernement. Elle ne doit pas d'abord compter sur les échecs de la droite. Une fraction non négligeable de l'électorat attend d'elle mieux qu'une alternance : une vision alternative.

Il faut constater malheureusement que le Parti socialiste né à Epinay a aujourd'hui épuisé sa force propulsive. Non que les objectifs de départ aient perdu de leur pertinence : rassembler la gauche et reconquérir les couches populaires. Mais le monde a changé. Avec l'URSS, le communisme s'est effondré. Confronté au triomphe du néoconservatisme libéral, le Parti socialiste lui-même est déboussolé. Pour retrouver sa crédibilité, la gauche doit prendre un nouveau départ.

Pour cela, la gauche doit d'abord surmonter ses divisions et d'abord peut-être ses sectarismes et ses querelles personnelles. Mettre tout le monde autour d'une table. Ce peut être le rôle des Assises de la gauche que de préparer un congrès de refondation de toute la gauche. Priorité au cadre : une nouvelle structure est nécessaire pour accueillir l'élan des générations nouvelles. Comme l'a observé avec justesse François Hollande : "Dans une ville, dans un département, nous avons besoin de toutes les cultures de la gauche : communiste... radicale... républicaine... écologiste." Il me semble qu'un tel parti doit se fonder sans trop d'a priori. De même que l'UMP a su rassembler toutes les familles de la droite, de même un grand parti de toute la gauche doit fédérer toutes ses sensibilités.

Sans doute il faudra au départ un choix européen qui reconnaisse le rôle des nations, et d'abord de la nôtre, et une vision des règles de la mondialisation que nous voulons infléchir. Mais il faudra surtout laisser un espace au débat. Celui-ci est nécessaire. Pourtant, on ne peut vouloir le clore avant d'avoir créé le cadre où il prendra son sens vis-à-vis du pays. Aujourd'hui, les querelles internes du Parti socialiste sont rebutantes. Priorité donc au rassemblement et à l'organisation du grand parti dont la gauche a besoin pour que l'alternance, si possible, puisse intervenir en 2012. L'idée de vouloir créer deux partis à gauche, l'un social-libéral, l'autre révolutionnaire, empêcherait la fécondation mutuelle des idées et nuirait aussi bien à la dynamique qu'au sens de la responsabilité dont la gauche a également besoin. Chaque parti actuel de la gauche apportera son meilleur au parti futur. Le Parti communiste, en particulier, doit savoir clore une histoire qui, à certains moments, a eu sa grandeur. Le repli sur l'esprit de boutique signifierait seulement la résignation à voir le libéralisme dominer la gauche elle-même, comme la tentation s'en exprime ouvertement.

La gauche est à reconquérir. Elle n'a rien à gagner à courir après le centre, sinon à se rendre inaudible. Elle doit d'abord savoir où elle habite. Le temps est compté. Pour désigner en 2010 un candidat qui soit en mesure de l'emporter en 2012 sur un projet qui parle à la France, c'est en 2008 que doit se tenir le Congrès de la refondation républicaine. Sinon, ce sera, encore une fois, la défaite.

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Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen
L'article est également en ligne sur le site du Monde


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Vendredi 21 Septembre 2007 à 16:31 | Lu 10309 fois



1.Posté par FRANCOIS jean M.R.C. 62 le 23/09/2007 19:24
après avoir suivi intégralement la vidéo, je constate une fois de plus (bien que n'ayant pas pu tout analyser) que notre leader par sa pertinence est à la hauteur des ambitions d'un nouveau logiciel ''de gauche'' auquel je l'espère nous allons pouvoir participer au niveau des militants de base

2.Posté par Claire strime le 24/09/2007 11:25
Difficile de demander au PCF de clore une histoire où il y eut Guy Moquet, un attachement à la Nation et à l'indépendance de la France, l'émancipation des colonies, de grands acquis sociaux (conventions collectives en 1936, nationalisations de la Libération), le refus de la boucherie de la Ière guerre mondiale et de la perspective d'une IIIème avec anéantissement nucléaire!

Il n'ya guère que M.Besancenot qui attend cela pour recueillir l'héritage au profit d'une position sansfrontiériste.

3.Posté par Jean-Louis MERCIER le 24/09/2007 23:15
J'ai dit, souvent, qu'à part Olivier Besancenot et ma "copine" (pardon Arlette) Laguillet... la vrai gauche, la gauche révolutionnaire....???
Maintenant, suffiront-ils, pour faire éclater une vérité tellement flagrante.
Il semble que cela devienne de plus en plus ardu.
La gauche, la vraie gauche, ou, sivous préférez..la "G"auche de la gauche, je ne la vois pas comme ça...

4.Posté par mael strom le 25/09/2007 10:13

Guy Moquet : un jeune colleur d'affiche communiste qui n'a jamais défendu une vision de la France, mais bien plutôt un vision communiste internationaliste attachée à l'URSS mais pas à la France. N'oublions que les affiches et tracts de Moquet appelaient à la résistance au capitalisme, pas contre les nazis (d'ailleurs le PCF avant l'invasion de l'URSS n' a jamais appelé à la Résistance contre les nazis bien au contraire). Cela ne justifie évidemment pas de laisser fusiller un gamin colleur d'affiche, mais cela ne justifie pas non plus d'en faire un mythe!



5.Posté par Claire Strime le 25/09/2007 11:00
http://www.jean-luc-melenchon.fr/article/blogview/271/1/1/

Salutaire sursaut patriotique du sénateur Mélenchon (contre le cirque identitaire de la Breizh touch); ça fait toujours plaisir!!!

6.Posté par Claire Strime le 25/09/2007 16:43
Rappeller une vérité historique: le PCF était interdit depuis l'automne 1939 (donc dès avant le régime de Vichy). Il y a bien eu des appels à la Résistance de la part du PCF dès juin 1940 (il y eut des flottements au sein de sa direction -cf la demande de parution légale de l'Humanité, il semble que les erreurs reposent sur Benoit Frachon; les historiens sérieux et Charles Tillon parlent de "2 PCF" à ce moment là-ainsi que des témoins de cette époque avec qui j'ai pu discuter).
C'était une erreur (qui pouvait être fatale à ceux qui tombaient dans le panneau) que de vouloir dissocier les Allemands de Vichy. Le régime de Vichy n'ayant rien de patriote et étant très anticommuniste (rappelons aussi que le PCF s'était élevé contre les accords de Munich en 1938, le même parlement qui approuva ces accords votant les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940-dont la moitié de la SFIO).
Ce qui est vrai c'est que la résistance armée commença (hormis quelques initiatives individuelles de sabotage) à l'automne 1941, donc après l'invasion de l'URSS par les nazis et le coup de feu du colonel Fabien-initiative individuelle.

7.Posté par Patrice le 25/09/2007 21:51
Juste rappel historique de claire cassant la calomnie récurrente de la bienpensance: "communiste pas français, allié des nazis..." car cette bienpensance n'ose plus entonner "mieux vaut Hitler que le Front Populaire". Vivre la dualité du patiotisme et de l'internationalisme, Jaurès l'a vécue et en est mort assassiné. Jean-Pierre Timbaud, autre jeune communiste, l'a aussi vécue en s'écriant "vive le parti communiste allemand" face à à son peloton d'éxécution. Aucune défection du PCF dans le service de la France et des Français, de Gaulle l'avait reconnue, même si la chanson "ma France" de jean Ferrat égratignait sa propension à "usurper le prestige"...Ce parti devrait reprendre du service si un projet progressiste, structuré et cohérent était soumis aux Français....

8.Posté par Patrice le 25/09/2007 23:01
si j'ai bonne mémoire, la gauche a gagné en 81 parce que:
au PS, il y avait eu 71Epinay et qu'il savait donc où il habitait
au PCF, il y avait un parti puissant doté d'une section économique de grande valeur
le PCF a rédigé une issue démocratique à la crise de l'époque "Le défi démocratique"
le PS a fait de même, ==> JPC et P.Herzog ont ainsi pu "s'assoir" autour d'une table avec d'autres et rédiger le programme commun...et eurent ainsi un bon président pendant deux ans et beaucoup de députés...
La question que je me pose est de savoir s'il est préférable de s'assoir d'abord dans une structure inédite et déboussolée ou s'il ne vaut pas mieux rédiger au préalable un "programme républicain de gouvernement" avec économistes, syndicalistes et autres représentants de la société civile. Ce support manque cruellement face à l'omniprésence de la bienpensance libérale et européiste et je ne vois pas un socialiste capable de l'articuler et encore moins de l'exprimer au sein de son organisation. Vincent Peillon nous indiquait à Dunkerque que le programme du MRC ne serait pas nécessairement "repris de A à Z", mais je pense que la seule présence d'un programme réflêchi constituerait une avancée par rapport à l'entrisme gauchiste habituel du rassemblement "anti-libéral" ou "anti-méchants" systématiquement et logiquement démonté par l'opinion.

9.Posté par Claire Strime le 26/09/2007 14:38
Pour en finir avec une campagne idéologique anti nationale, antigauche et antirépublicaine: quand on risque sa vie en diffusant des écrits, se réunissant clandestinement, voire appelant à manifester sous occupation étrangère-cf 11 novembre 1940, que fait-on sinon résister?
Et que penser d'"historiens" qui, 60 ans après et n'ayant pas vécu cette période, se mettent à décerner ou refuser des brevets de Résistance à qui bon leur semble? (c'est malheureusement le cas de 2 freluquets officiant à l'université de Bourgogne).

Par ailleurs le débat historique doit avoir lieu sur les hésitations et erreurs de toutes les forces politiques et courants de pensée (y compris le PCF, qui collectivement, en tant que courant, fut celui qui en eut le moins).

La France de 2007 n'est plus celle de 1971 (et sans doute l'exigeance républicaine et laïque apparaît elle plus pressante dans le monde dangereux d'aujourd'hui). Il n'y a plus la figure ambigüe (mais rassembleuse) d'1 Mitterrand et une part de la question et de la réponse réside sans doute dans la possibilité d'un compromis programmatique. Le Programme Commun de 1972 n'était pas à 100% l'équivalent du programme du CERES mais combien de % de celui du MRC les socialistes (à 60% pour le TCE rappelons le) sont ils prêts à intégrer dans un éventuel accord de compromis?

10.Posté par la fourmi rouge le 26/09/2007 16:11
Entièrement d'accord (aux mots prés!) avec Claire Strime.

11.Posté par republicain patriote le 27/09/2007 00:22
oui...

Maurice Thorez en grand patriote communiste s'était empressé de montrer l'exemple en désertant le plus rapidement possible et en allant rejoindre Moscou !

Malgré certaines initiatives isolées, les communistes, par idéologie n'ont jamais montrer d'attachement à la France, les pays et le concept de nation sont pour les communistes des inventions du capitalisme pour diviser la classe prolétaire.


12.Posté par Claire Strime le 27/09/2007 10:13
Sur Thorez: faut-il quand on a un nom et une tête connue, rentrer dans la clandestinité et faire prendre des risques à ceux qui vous accompagnent ou l'exil est il la meilleure solution pour poursuivre la lutte. Je n'ai (et la plupart des intervenants ici je suppose, dont la majorité n'a même pas connu la guerre d'Algérie) jamais connu ce genre de dilemme (je ne suis pas irakienne et si je l'étais je ne sais pas ce que je ferais).

Une lecture rapide de certains textes philosophiques du jeune Marx et de passages lyriques-romantiques à l'occasion de la révolution de 1848, ainsi que des premières proclamations du Komintern, peut amener, surtout s'ils sont utilisés de façon parareligieuse, que le communisme ignore la question nationale voire se réfère (comme le christianisme) à l'homme de façon abstraite.
Cependant les écrits de Marx, Engels sur la guerre de 1870, sur les colonies et la somme des oeuvres de Lénine sur les questions nationale et coloniale ne laisse aucun doute: le marxisme est capable d'analyser la Nation, les questions nationale et coloniale, de manière réaliste et d'en déduire des tactiques de prise du pouvoir.

Pour s'en tenir à la France, c'est ce qu'a fait le PCF à partir de 1934 (et de quelle manière!!! main tendue et Jeanne d'Arc) en rompant avec la politique absurde de "troisième période-classe contre classe" qui menaçait de le réduire à l'état de quasi-secte. Travaux pratiques avec le Front Populaire et la Résistance (programme du CNR à Alger, etc...).
C'est déjà une autre question mais il a pu être reproché au PCF de ne pas suffisamment prendre en compte les aspirations nationales du peuple algérien, au moins jusqu'en 1956.

13.Posté par Jean-Louis MERCIER le 27/09/2007 10:39
"La Gauche au Service de la France"... bien sûr !
Et si nous disions "tous le Français au Service de la France", tous les Français avec toutes leurs idées... qui souvent différent...
Pourquoi pas ?!!!
C'est fait d'un tout la France... heureusement !
Il y a même des "sages" comme Jean-Pierre Chevènement, par exemple, et, bon exemple !

14.Posté par paton le 27/09/2007 13:32
Oui, pourquoi pas. La gauche au service de la France. Ce n'est en effet pas un projet "nationaliste" ou "souverainiste" comme les détracteurs de JPC ne cessent de le répéter, mais, sans doute, un véritable choix républicain. Il est basé aussi sur le pari que la France puisse être un moteur dans l'évolution globale du monde. C'est une vraie perspective.

Mais alors, comme le dit JPC, il faut savoir où on habite. Ce grand projet ambitieux passe aussi, à un plus petit niveau, par une stratégie cohérente au niveau des alliances. Certes, il faut exclure l'alliance au centre. Mais alors pourquoi être si indulgent envers Ségolène Royal qui prône ouvertement cette alliance ? Pourquoi ne pas réagir face aux énormités qu'elle professe. La dernière ? Allons y ! "Je vais peut-être vous choquer mais pour moi le marché est aussi naturel que l'air qu'on respire". Ben oui c'est choquant, mais pas pour tout le monde. C'est choquant pour ceux qui, comme JPC, voient le socialisme une critique du capitalisme : critique rationnelle, la plus scientifique possible. Si l'on suit Ségolène, inutile de se casser la tête, comme Marx, comme Jaurès, a décrypter les contradictions internes du marché et de la libre concurrence ! Tout ça, c'est naturel ! Il faut vraiment en pincer pour Ségolène pour laisser passer de telles choses.

Du fait de ses combats passés et des signaux qu'elle donne aujourd'hui, Ségolène Royal est totalement engagée dans un projet voulant infléchir la ligne du PS vers la social démocratie (à la française bien sûr, étant donné le rôle des syndicats chez nous). Ce n'est pas parce que JPC n'aime pas Mélenchon (et aime ségolène parce qu'elle l'a défendu) qu'il doit lui constester le fait d'avoir vu juste sur ce point. Le PS tend donc à se diluer dans le libéralisme. Le MRC résiste à cette tendance, mais seulement au niveau du discours, car l'alliance avec Royal est un symptôme de cette dilution et de la confusion générale actuelle (Ségolène Royal aurait pu faire partie du gouvernement Fillon si elle n'avait pas été en concurrence avec Sarkozy). Il est temps de reconnaître que l'alliance avec Royal fut une erreur. J'espère pour vous que ce ne fut pas une étreinte mortelle. Je le dis avec d'autant plus d'amertume que j'ai voté JPC en 2002, et que en 2007, il y avait un espace stratégique à conquérir (Bayrou en a profité). Je sais que ce n'est pas facile quand on a un petit parti et qu'il faut trouver un moyen d'agir, concrètement, en passant des accords. Mais JPC, qui est un homme rationnel, doit reconnaître une erreur d'appréciation, ce qui le grandirait.

15.Posté par Claire Strime le 27/09/2007 14:38
Il y a plusieurs façons de se diluer dans ou d'accepter le libéralisme et l'idéologie dominante: celle de Jospin-Rocard-Hollande-Cambadélis bien sûr
et celle, plus branchée et libertaire (celle des 3 ou 4 "B": Bayrou, Besancenot, Bové, Buffet), qui en refusant le sécuritaire laisse un boulevard à la droite autoritaire.

Difficile de maintenir une position de ni-ni...

16.Posté par la fourmi rouge le 27/09/2007 21:23
oh ! que c'est bien vu, encore une fois, Claire Strime !

17.Posté par Patrice le 29/09/2007 00:28
Si l'on écarte Jospin et Cambadélis, il peut exister des points positifs d'échange avec les six autres personnalités citées...:-).
et surtout il y a les Français qui attendent plus que des discours discontinus (même brillants) dont l'impact restera faible dans notre système médiatique contrôlé par "l'idéologie dominante" mais un vrai programme républicain de gouvernement soutenu par de nombreux experts.
Le programme commun avait été précédé en 71 par l'analyse dense du "capitalisme monopoliste d'état" du PCF, sa pertinence a été décisive pour gagner les esprits dans tous les milieux: salariés, étudiants, intellectuels, économistes...et direction socialiste. En 2007, c'est au MRC de réfllêchir à la façon de décliner ce programme en allant chercher les compétences adéquates.
60% de l'électorat socialiste a voté non au TCE grâce à une structuration sérieuse de l'argumentaire des partisans du Non.
Cette dynamique est à retrouver autour d'un projet républicain et progressiste.
Donc pas de ni-ni mais un programme de réorientation politique sans rupture.

18.Posté par la fourmi rouge le 29/09/2007 13:45
Bonjour Patrice,

Malheureusement je ne suis pas aussi optimiste que vous l'êtes concernant : "grâce à une structuration sérieuse de l'argumentaire", qui ne toucha comme souvent que les militants, les universitaires... bref tous ceux qui ont une vraie conscience politique et ont les outils pour analyser et assimiler des argumentaires !

Vous savez, repensez au vote des Régionales gagnées haut la main par la gauche : grâce à un argumentaire fouillé d'aprés vous?
Aux Municipales précédentes : idem ?....etc

Dans TOUS ces cas bien des électeurs populaires (de g comme de d) ont voté pour signifier leur ras le bol de ce qu'ils vivaient au quotidien.
L'extrême gauche aussi s'y est cassé les dents : "la gauche du non" a fait long feu !



Il faut revenir de ces analyses qui à mon avis sont erronées pour partie, et empêchent d'ailleurs de vraiment comprendre les échecs de la gauche depuis 1993.
Par contre que JPC et le MRC donnent un canevas de réflexion à la gauche, et fournissent des arguments solides pour "un projet républicain et progressiste" sûrement.

19.Posté par Patrice le 29/09/2007 19:21
Bonjour fourmi rouge,
D'accord avec votre dernière phrase.
Je ne veux pas refaire le match 2005-2007 et et encore moins 1983-2007, mais je ne me résouds pas à penser que la gauche n'a à proposer qu'une gestion plus solidaire des villes et des régions.

Faire voter Non est certes plus simple que faire adhérer à un programme, encore faut-il que ce dernier existe. D'ailleurs le relatif score de JPC en 2002 s'explique en partie par la cohérence du programme de Vincennes, mais le système anti-républicain a brouillé les messages en évacuant le fond au profit des appareils de parti...
Ce programme républicain est nécessaire et ira bien au-delà de la gauche du non...sans atteindre la droite du oui.
Je suppose que JPC en est parfaitement conscient et qu'il prépare son élaboration sans attendre la tenue d'assises de la gauche aucours desquelles nous aurons le plaisir d'expliquer les échecs de la gauche depuis 1993 et surtout les issues pour redresser notre pays.


20.Posté par la fourmi rouge le 29/09/2007 20:48
mais je suis bien d'accord avec vous Patrice


Mais il faut avoir toujours à l'esprit cette distorsion classes populaires (majoritaires dans le pays) et les cerveaux comme Jean-Pierre.
En 2005, quel démarrage magnifique ! sans doute des erreurs. Normal. Mais je persiste à penser que sa candidature était trop intellectuelle.
Regardez qui le soutient : des historiens, quelques rares économistes (le formidable Bernard Maris), des Républicains cultivés ...
Ce fut sa faiblesse paradoxalement, de mon point de vue.


Et le succés de Ségolène a été sa bonne approche des petites gens qui souffrent, ses suberbes intuitions sur les difficultés qu'ils vivent quotiennement (insécurités, salariat précaire, logement inaccessible, "vie chère"...), son regard fulgurant sur le déficit démocratique des élus et partis, son courage enfin pour donner des coups de pieds dans la fourmilière.

L'alliance JPC et SR fut pour moi, une révélation !

Il fallait tenir les 2 bouts :
propositions innovantes et décoiffantes scotchées au réel ; donner un vrai contenu et une cohérence politiques au programme.
Je pense que cet axe est à poursuivre.

A+



21.Posté par Patrice le 30/09/2007 14:16
Toujours d'accord avec vos conclusions. SR a des qualités, notamment du courage et une proximité facile, mais ses convictions restent à clarifier, même pour elle...Des classes moyennes traditionnellement à gauche ont basculé Sarkozy par peur de l'image "redistributrice aveugle". Elle payait indirectement la politique de la gauche depuis 1993, à savoir "la droite + les restos du coeur".
Personnellement, mon vote pour SR 'a été motivé par l'accord MRC-PS espérant qu'elle l'ait lu...
La gauche du non a gagné idéologiquement et perdu électoralement. Il faut revoir la méthode en tenant compte de la paralysie du PS et des diifficultés du PCF (même si son organisation nous a permis la victoire du Non en 2005).
Que faire ? Comme écrivait Lénine en 1905.... Plus modestement, si l'on pense méthode, je verrais ainsi les acteurs du programme républicain et la méthodologie:

Acteurs du programme républicain

Politiques : Chevènement, Sarre, Zuccarelli, Lienneman, Peillon, Bavay, …NDAignan, voire Villepin en consultation
Economistes : Sapir, Gréau, Passet, Maris …
Syndicats : CGT, FO, CGC, CJD, CGPME
Dirigeants d’entreprise: Gallois,…
Personnalités : Vedrine,
Medias : Marianne, Alternatives économiques, Monde Diplomatique,Les Echos…
Autres : examiner la démarche de « die Linke » en Allemagne sur l’économie et de l’Espagne sur ses initiatives à Cuba,…

Méthodologie

1.Réaliser un document de base MRC court et clair sur la démarche

2.Proposer aux autres intervenants de participer à l’enrichissement du contenu avec les Groupes de travail du MRC

3.Un comité politique composé par JPC veillera à la cohérence des mesures et à leur articulation dans le temps.

4.La validation de l’orientation générale par un nombre significatif de personnalités et d’organisations représentatives constituera une première étape du Programme Républicain de Gouvernement (trois mots importants)

5.La désignation d’une équipe capable de porter ce programme et de se constituer en shadow-cabinet jusqu’aux élections sera une deuxième étape-clé

Sur le fond, les axes de réorientation existent. Je limiterais leur nombre à trois pour faciliter la cohérence et la communication.

A+

22.Posté par Claire Strime le 01/10/2007 13:52
La liste des personnalités pourrait être élargie à gauche (George Hage) et à droite (PM Couteaux); voilà qui "reboosterait" le camp républicain.

Peut-on espérer aussi qu'1 patie substantielle de la "gauche de la gauche" comprenne l'impasse du communautarisme et de l'islamogauchisme? Elle pourrait être instruite par les faits, par la crise finale de la coalition Respect à laquelle participent les homologues de la LCR:
http://www.cpgb.org.uk/worker/690/respect%20swp.htm

Si le MRC parvient à regagner au républicanisme social la "sanior pars" de la social-démocratie et de la "gauche de la gauche", alors tout est possible. Sinon...

23.Posté par Henri 34 le 02/10/2007 20:54
Ce qui m'avait plu quand j'ai été militant du MDC-MRC(celà a été terminé avec le soutien à Royal )c'était l'effort pour dépasser le clivage entre républicains de gauche et de droite.je suis assez surpris que la gauche veuille se mettre au service de la France.Jusque là elle ne l'était pas?Celà confirme mon impression d'un PS qui n'est plus qu'une machine à faire élire des notables et quand ils ne sont pas élus n'hésitent pas à passer à droite.La gauche au service de la France avec consultation de Villepin , de Couteaux et de Dupont Aignan n'est ce pas dépasser le clivage?
Se raccroche -t-on à tout ou est-on dans la confusion idéologique?

24.Posté par Patrice le 02/10/2007 23:45
A partir du moment où un programme républicain de gouvernement sera clairement positionné (même non définitif), je suis confiant sur la position majoritaire du PCF.
Concernant les républicains de l'autre rive, les points de convergence seront les plus nombreux.
La mise en parallèle de Villepin/Kouchner vaut toutes les explications sur notre idée de la France et de la République, l'un affrontant Washington pour éviter le chaos irakien l'autre soufflant sur les braises bushistes pour justifier le prochain bombardement de l'Iran.
La terreur idéologique qu' a du subir le pôle républicain en 2002 fait figure de farce quand on observe l' exode droitier de la gauche libérale. Le premier geste politique de la première réunion des partis de gauche serait d'exiger la démission de Mr Kouchner.
Donc avant de parler de rapprochement tactique ou stratégique, il s'agit de décliner les axes d'un programme et déchanger/enrichir sur ce socle. La confusion idéologique devrait ainsi être évitée.


25.Posté par Yves le 07/10/2007 11:31
La gauche au service de la France ? Oui mais de quoi parle-t-on ? La "gauche" est une mouvance qui ne s'enferme pas dans une secte idéologique. Sont de "gauche" tous ceux qui ont fait bouger les choses en faveur du progrès social, de la liberté de l'égalité et de la fraternité. Ne le sont pas ceux qui n'adhèrent à un parti de gauche que pour obtenir leur élection d'un électorat "de gauche" : ceux -là n'apportent rien à la France, ils ne concourent que pour leur ambition et sont près à servir dans l'autre camp s'il n'ya plus d'espoir à "gauche"..

La gauche ce n'est pas non plus le "gauchisme" bobo à la BHL ou à la Kouchner, c'est d'abord la préoccupation de la question sociale, de la production et de la distribution des richesses, etc... Ce n'est pas non plus le blairisme d'un capitalisme à visage "humain", style encore Clinton, DSK ou Royal, ce n'est pas le "gagnant-gagnant" "l'ordre juste" ou ce genre de discours lénifiant pour attraper les voix. C'est d'abord une pensée, une réfelxion sur l'organisation sociale sur les causes de l'injustice et de l'inégalité, sur l'acumulation des richesses par quelques uns. Sur l'impérialisme capitaliste aussi. Tout le contraire de ce que nous a présenté la dernière candidate de "gauche"... Alors oui une vraie "gauche" peut servir la France, comme nous l'avons espérer en 2002 avec JPC et avec aussi des républicains non estampillés de "gauche"... Sarkozy va peut-être nous y aider tant il va rassembler tous ceux de droite et de gauche qui se satisfont de l'injustice croissante de la mondialisation et de la captation des ses profits. Il se peut même que Villepin en soit, par patriotisme économique et da

26.Posté par Claire Strime le 08/10/2007 09:33
Sarkozy et Kouchner en ruse de la raison pour permettre à la gauche de se débarrasser du social-libéralisme et de la soumission à la mondialisation capitaliste, j'aimerais pouvoir y croire...
Malheureusement je ne trouve aucun philosophe allemand pour m'amener à le penser sérieusement.


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