Le Télégramme : Le rapport Pisa dégrade l'école française. Est-elle aussi nulle que le laisse entendre ce rapport ?
Jean-Pierre Chevènement : Elle n'est pas nulle, mais il est incontestable que son niveau se dégrade. Toutefois, il faut savoir que les qualités propres à l'école française - clarté, capacité d'abstraction - ne sont pas mesurées par le rapport Pisa. Je fais donc quelques réserves sur l'instrument de mesure.Toutes les enquêtes internes du ministère de l'Éducation nationale montrent une dégradation de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, des capacités de calcul et de mémorisation. Je pense que l'environnement des enfants est marqué par l'immédiateté. Nous sommes dans la vidéosphère. Les progrès d'internet ont beaucoup d'effets pervers.
Des effets pervers qui ne touchent pas que la France...
Cela ne concerne pas que la France, mais cela touche davantage un enseignement de type classique et très structuré comme le nôtre.Mais la cause principale est ailleurs. Elle est dans la vogue de ces pédagogies constructivistes qui aboutit à l'affaiblissement de ce qu'on appelle « l'effet maître », le rapport que l'enseignant a avec l'élève.
Les maîtres ne sont-ils pas à la hauteur de leur mission ?
Un rapport récent de l'inspection générale de l'Éducation nationale dit que « les maîtres ne disposent pas, pour la plupart d'entre eux, des outils conceptuels et didactiques pour mettre en oeuvre les programmes tels qu'ils existent ». C'est un rapport tout à fait décapant. Il est d'ailleurs assez étonnant qu'il ait pu passer à travers le filtre de la hiérarchie.
Jean-Pierre Chevènement : Elle n'est pas nulle, mais il est incontestable que son niveau se dégrade. Toutefois, il faut savoir que les qualités propres à l'école française - clarté, capacité d'abstraction - ne sont pas mesurées par le rapport Pisa. Je fais donc quelques réserves sur l'instrument de mesure.Toutes les enquêtes internes du ministère de l'Éducation nationale montrent une dégradation de l'orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, des capacités de calcul et de mémorisation. Je pense que l'environnement des enfants est marqué par l'immédiateté. Nous sommes dans la vidéosphère. Les progrès d'internet ont beaucoup d'effets pervers.
Des effets pervers qui ne touchent pas que la France...
Cela ne concerne pas que la France, mais cela touche davantage un enseignement de type classique et très structuré comme le nôtre.Mais la cause principale est ailleurs. Elle est dans la vogue de ces pédagogies constructivistes qui aboutit à l'affaiblissement de ce qu'on appelle « l'effet maître », le rapport que l'enseignant a avec l'élève.
Les maîtres ne sont-ils pas à la hauteur de leur mission ?
Un rapport récent de l'inspection générale de l'Éducation nationale dit que « les maîtres ne disposent pas, pour la plupart d'entre eux, des outils conceptuels et didactiques pour mettre en oeuvre les programmes tels qu'ils existent ». C'est un rapport tout à fait décapant. Il est d'ailleurs assez étonnant qu'il ait pu passer à travers le filtre de la hiérarchie.
Ces rapports n'apportent pas de réponse à la question de l'inégalité sociale qui sévit au sein de l'école. Pourquoi ?
On insiste beaucoup sur les inégalités sociales et, par exemple, sur le fait que les immigrés réussissent moins bien. J'ai toujours su, et je crois encore, que les enfants de milieux défavorisés avaient besoin d'une école forte, de pédagogies structurées et que la solution n'était pas dans un rabais des exigences.
Un certain nombre de personnalités, membres du Front national ou simplement proches de Marine Le Pen, se recommandent de vous. Comment réagissez-vous à cette OPA sur le chevènementisme ?
Tout cela fait partie d'une campagne qui s'inscrit dans la stratégie de Marine Le Pen qui veut gommer les aspérités dont elle a hérité de son père. J'ai été le premier à combattre la politique qui a permis au FN de prospérer. Et je pense que les responsables de la dynamique du FN sont ceux qui n'ont pas su enrayer le déclin de notre industrie ni empêcher le développement du chômage de masse. Et on accuse Chevènement ! Chevènement qui a combattu le Traité de Maastricht, qui a considéré que la monnaie unique était une erreur parce qu'elle juxtaposait des économies nationales tout à fait hétérogènes. On voit le résultat aujourd'hui...
Il y a pourtant des membres du FN qui revendiquent leur proximité avec vos idées...
Qui pourrait illustrer cette « proximité » ? Il y a Paul-Marie Couteaux. Mais, même s'il a commencé au Ceres quand il avait 18 ans, il a largué les amarres depuis très longtemps, pour aller chez Pasqua et Villiers, et, enfin au Front national. Il m'a soutenu un temps, mais je me passe de soutiens comme celui-là. Sinon, on ne peut citer que Bertrand Dutheil de La Rochère, dont je pense qu'il est un gentil fou.
Il y a aussi Florian Philippot, qui est vice-président du FN...
En 2002, j'ai obtenu 1,520 million de suffrages. Là-dedans, il y en a forcément qui se sont orientés différemment. Certains venaient du PC, d'autres venaient de la droite et beaucoup du PS. Alors, il se peut que M. Philippot ait été dans des comités de soutien. Je ne dis pas le contraire. La seule chose que je dis, c'est que je ne l'ai jamais rencontré. Son propos aujourd'hui correspond à la stratégie de Madame Le Pen qui veut se donner un profil honorable. Il n'en reste pas moins vrai que je considère que le Front national demeure un parti essentiellement démagogique. Je considère que son arrivée au pouvoir porterait gravement tort à l'image de la France. Je ne la souhaite pas. Je travaille à redresser les perceptions et les analyses de la gauche. C'est assez difficile comme ça.
Source : Le Télégramme
On insiste beaucoup sur les inégalités sociales et, par exemple, sur le fait que les immigrés réussissent moins bien. J'ai toujours su, et je crois encore, que les enfants de milieux défavorisés avaient besoin d'une école forte, de pédagogies structurées et que la solution n'était pas dans un rabais des exigences.
Un certain nombre de personnalités, membres du Front national ou simplement proches de Marine Le Pen, se recommandent de vous. Comment réagissez-vous à cette OPA sur le chevènementisme ?
Tout cela fait partie d'une campagne qui s'inscrit dans la stratégie de Marine Le Pen qui veut gommer les aspérités dont elle a hérité de son père. J'ai été le premier à combattre la politique qui a permis au FN de prospérer. Et je pense que les responsables de la dynamique du FN sont ceux qui n'ont pas su enrayer le déclin de notre industrie ni empêcher le développement du chômage de masse. Et on accuse Chevènement ! Chevènement qui a combattu le Traité de Maastricht, qui a considéré que la monnaie unique était une erreur parce qu'elle juxtaposait des économies nationales tout à fait hétérogènes. On voit le résultat aujourd'hui...
Il y a pourtant des membres du FN qui revendiquent leur proximité avec vos idées...
Qui pourrait illustrer cette « proximité » ? Il y a Paul-Marie Couteaux. Mais, même s'il a commencé au Ceres quand il avait 18 ans, il a largué les amarres depuis très longtemps, pour aller chez Pasqua et Villiers, et, enfin au Front national. Il m'a soutenu un temps, mais je me passe de soutiens comme celui-là. Sinon, on ne peut citer que Bertrand Dutheil de La Rochère, dont je pense qu'il est un gentil fou.
Il y a aussi Florian Philippot, qui est vice-président du FN...
En 2002, j'ai obtenu 1,520 million de suffrages. Là-dedans, il y en a forcément qui se sont orientés différemment. Certains venaient du PC, d'autres venaient de la droite et beaucoup du PS. Alors, il se peut que M. Philippot ait été dans des comités de soutien. Je ne dis pas le contraire. La seule chose que je dis, c'est que je ne l'ai jamais rencontré. Son propos aujourd'hui correspond à la stratégie de Madame Le Pen qui veut se donner un profil honorable. Il n'en reste pas moins vrai que je considère que le Front national demeure un parti essentiellement démagogique. Je considère que son arrivée au pouvoir porterait gravement tort à l'image de la France. Je ne la souhaite pas. Je travaille à redresser les perceptions et les analyses de la gauche. C'est assez difficile comme ça.
Source : Le Télégramme