Verbatim express :
- Je crois que d'abord, il faut condamner ces manifestations totalement inadmissibles, un jour de 11 novembre.
- Il y a, il faut le dire, une certaine désaffection du pays par rapport au gouvernement et au Président de la République. Mais l'origine de cette situation vient de très loin. Ce sont des choix politiques fondamentaux : l'abandon de nos marges de manœuvres en matière commerciale, en matière de politique industrielle, de politique monétaire.
- Nous avons une monnaie surévaluée. Cela pénalise notre compétitivité. Je ne vois pas comment on peut remonter notre handicap de compétitivité, qui s'est creusé depuis une dizaine d'années, sans toucher à l'euro.
- On voit aujourd’hui le résultat de choix faits il y a très longtemps, et dont François Hollande est loin d'être le seul responsable.
- Je ne veux pas participer au « Hollande bashing », ne serait-ce que par un réflexe naturel qui me conduit à ne pas accabler celui sur lequel tout le monde tape à longueur de journée.
- Je pense que nous ne sommes pas sortis de la crise de l'euro, et que les Allemands vont se lasser très vite d'avoir à payer pour le Portugal, la Grèce, peut-être l'Espagne, l'Italie.
- Nous avons un système qui prend l'eau : c'est un tonneau des Danaïdes.
- Je pense qu'il vaudrait mieux parler entre la France et l'Allemagne, de façon à définir, soit une évolution des règles qui sont appliquées par la Banque centrale, cela nous donnerait du temps et permettrait une certaine relance, soit plus profondément, pour remédier à l'hétérogénéité de la zone euro, son vice originel, transformer l'euro de monnaie unique en monnaie commune. Voilà ce que je préconise : un vrai changement de politique.
- Pour que ce changement soit possible, il faut avoir, de ce point de vue là, un gouvernement qui soit crédible. Aujourd'hui, le gouvernement est excessivement monocolore. A part Arnaud Montebourg et peut-être Benoît Hamon, ils sont tous les représentants ce qu'on appelle le social-libéralisme.
- Un remaniement gouvernemental n'est pas à la hauteur. Il faut aller aux élections municipales et européennes, avec un Premier ministre courageux, qui fait son travail comme il peut, dans les limites qui lui sont laissées.
- Je suis assez critique vis-à-vis de toutes les politiques qui sont menées depuis assez longtemps dans notre pays. Mais François Hollande n'est pas le seul à devoir supporter tout le poids, par exemple du traité de Maastricht. Veuillez-me citer un seul dirigeant politique actuel, de droite ou de gauche, qui ne nous a pas promis la prospérité ? Relisez les déclarations de l'époque, j'en avais fait un livre : « le Bêtisier de Maastricht ».
- Ce que j'ai montré dans mon livre, c'est que les deux mondialisations dans l'histoire ont abouti à une profonde modification de la hiérarchie des puissances. Montée de l'Allemagne impériale avant 1914, montée de la Chine aujourd'hui. Ce facteur de déséquilibre a été très mal géré par l'Allemagne, qui a provoqué la guerre.
- Laurent Joffrin est tout à fait mal venu de dire que les commémorations doivent servir d'antidote au "poison national". Il aurait dit "nationaliste", je veux bien, mais ce ne sont pas les nations qui ont provoqué la guerre en 1914 : elles étaient toutes pacifiques, y compris dans sa masse le peuple allemand. Ce sont les élites du 2nd Reich qui sont responsables de la 1ère guerre mondiale.
- Quand je rencontre des dirigeants de la Chine aujourd'hui, je leur dis de gérer leur montée en puissance avec beaucoup de prudence, et se rappeler le conseil de Deng Xiaoping : « avant de traverser la rivière, tâtonner les pierres ».
- Il faut, le moment venu, constituer un gouvernement qui permette de conduire une autre politique.