Le président d’honneur du MRC revient sur le discours de Ségolène Royal, samedi à Villepinte.
Ségolène Royal a-t-elle réussi son rendez-vous avec les Français ?
Jean-Pierre Chevènement : Oui, incontestablement. On attendait qu’à la fin de la phase d’écoute, Ségolène Royal parle aux Français, et elle l’a fait de manière tout à fait magistrale. Son discours présidentiel a eu à mon sens beaucoup plus de portée que celui de Nicolas Sarkozy, car il a embrassé tous les sujets, y compris la politique européenne et étrangère. Ségolène Royal a posé l’équation de la réussite en s’adressant à la fois aux couches populaires, à la jeunesse et à la France.
N’était-ce pas d’abord un discours destiné à rassurer l’électorat de gauche ?
Ce discours s’adressait à tous les Français, pas seulement à l’électorat de gauche. Je pense que le problème des quartiers, avec le rétablissement d’une police de proximité, appelée «police de quartiers», ça n’intéresse pas que des électeurs de gauche, mais aussi des électeurs de droite, voire d’extrême droite.
La droite critique déjà le coût du projet. Comment vont être financées ces 100 propositions ?
Ségolène Royal a parlé d’une réforme de la fiscalité, qui permettrait de taxer davantage le capital que le travail. Et puis prenez par exemple le prêt de 10 000 euros aux jeunes. C’est un prêt gratuit. On peut demander aux banques de faire un effort ! Les profits des banques font partie de ce règne sans frein du profit financier que Ségolène Royal a fustigé à juste titre. Il y a aussi la réforme de l’Etat, diminuer le nombre des ministères, alléger le poids des administrations, mettre un peu de clarté dans les textes législatifs…
Ségolène Royal a-t-elle réussi son rendez-vous avec les Français ?
Jean-Pierre Chevènement : Oui, incontestablement. On attendait qu’à la fin de la phase d’écoute, Ségolène Royal parle aux Français, et elle l’a fait de manière tout à fait magistrale. Son discours présidentiel a eu à mon sens beaucoup plus de portée que celui de Nicolas Sarkozy, car il a embrassé tous les sujets, y compris la politique européenne et étrangère. Ségolène Royal a posé l’équation de la réussite en s’adressant à la fois aux couches populaires, à la jeunesse et à la France.
N’était-ce pas d’abord un discours destiné à rassurer l’électorat de gauche ?
Ce discours s’adressait à tous les Français, pas seulement à l’électorat de gauche. Je pense que le problème des quartiers, avec le rétablissement d’une police de proximité, appelée «police de quartiers», ça n’intéresse pas que des électeurs de gauche, mais aussi des électeurs de droite, voire d’extrême droite.
La droite critique déjà le coût du projet. Comment vont être financées ces 100 propositions ?
Ségolène Royal a parlé d’une réforme de la fiscalité, qui permettrait de taxer davantage le capital que le travail. Et puis prenez par exemple le prêt de 10 000 euros aux jeunes. C’est un prêt gratuit. On peut demander aux banques de faire un effort ! Les profits des banques font partie de ce règne sans frein du profit financier que Ségolène Royal a fustigé à juste titre. Il y a aussi la réforme de l’Etat, diminuer le nombre des ministères, alléger le poids des administrations, mettre un peu de clarté dans les textes législatifs…
Que fera Ségolène Royal avec les prélèvements obligatoires ?
Elle n’a pas dit qu’elle les baisserait ni qu’elle les augmenterait. Evitons la démagogie qui consiste à promettre à la fois des dépenses nouvelles et des baisses d’impôts.
L’Etat peut-il garantir un emploi aux jeunes en situation d’échec scolaire ?
Madame Royal a défini l’école comme un lieu de transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Elle veut des «emplois parents», des répétiteurs et du soutien scolaire gratuit. Pour ceux qui sortent de l’école sans qualification -55 000 par an –, il faut leur permettre de s’insérer dans de grands chantiers nationaux.
Craignez-vous toujours une dispersion de la gauche au premier tour ? Au profit de François Bayrou ?
Non. Monsieur Bayrou améliorera peut-être un peu son score de 2002, de un ou deux points pas plus. Mais l’affaire se jouera entre madame Royal et monsieur Sarkozy. Ça sera très serré et Ségolène Royal va reprendre l’avantage dans les toutes prochaines semaines.
Quand Nicolas Sarkozy parle de «pacte républicain», ça vous dérange ?
Le mot «République» n’a pas le même sens dans sa bouche et dans la mienne. Pour moi, c’est l’idée du citoyen, de l’intérêt général, connecté à la souveraineté populaire. Monsieur Sarkozy est pour l’abolition de la loi de 1905, il flatte les sensibilités communautaristes. Madame Royal s’adresse, elle, à la France. Monsieur Sarkozy ne défend pas l’égalité mais l’inégalité. C’est un Thatcher en complet-veston qui nous prépare une thérapie de choc libérale !
Propos recueillis par Jérôme Vermelin et Caroline Brun
Elle n’a pas dit qu’elle les baisserait ni qu’elle les augmenterait. Evitons la démagogie qui consiste à promettre à la fois des dépenses nouvelles et des baisses d’impôts.
L’Etat peut-il garantir un emploi aux jeunes en situation d’échec scolaire ?
Madame Royal a défini l’école comme un lieu de transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Elle veut des «emplois parents», des répétiteurs et du soutien scolaire gratuit. Pour ceux qui sortent de l’école sans qualification -55 000 par an –, il faut leur permettre de s’insérer dans de grands chantiers nationaux.
Craignez-vous toujours une dispersion de la gauche au premier tour ? Au profit de François Bayrou ?
Non. Monsieur Bayrou améliorera peut-être un peu son score de 2002, de un ou deux points pas plus. Mais l’affaire se jouera entre madame Royal et monsieur Sarkozy. Ça sera très serré et Ségolène Royal va reprendre l’avantage dans les toutes prochaines semaines.
Quand Nicolas Sarkozy parle de «pacte républicain», ça vous dérange ?
Le mot «République» n’a pas le même sens dans sa bouche et dans la mienne. Pour moi, c’est l’idée du citoyen, de l’intérêt général, connecté à la souveraineté populaire. Monsieur Sarkozy est pour l’abolition de la loi de 1905, il flatte les sensibilités communautaristes. Madame Royal s’adresse, elle, à la France. Monsieur Sarkozy ne défend pas l’égalité mais l’inégalité. C’est un Thatcher en complet-veston qui nous prépare une thérapie de choc libérale !
Propos recueillis par Jérôme Vermelin et Caroline Brun