Le Parisien: Est-ce que la victoire des nationalistes aux régionales vous inquiète ?
Jean-Pierre Chevènement: D’abord, je ne suis pas hostile au nationalisme corse : je défends avant tout l’Etat républicain, tant sur l’île que sur le continent. Je reste attaché à ce que l’Etat soit reconnu comme l’émanation de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de religion. Bien sûr, la Corse a son histoire, incarnée au XVIII e siècle par Pascal Paoli. Mais depuis le 14 juillet 1790, fête de la Fédération, la page est tournée. La Corse, qui y était représentée, fait partie intégrante de la nation et du Peuple français.
Les nationalistes à la tête de la région ne revendiquent pas l’indépendance…
La plupart de leurs revendications auraient pour conséquence de faire sortir la Corse du cadre républicain. La reconnaissance de la nation corse, la co-officialité de la langue corse avec le français, le statut de résident fiscal qui remettrait en cause le principe de l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt, sont des revendications inacceptables. La Corse est la collectivité la plus décentralisée de France. Sur certains sujets comme l’investissement, les liaisons entre l’île et le continent, il est normal de débattre. Mais il faut maintenir le principe de la souveraineté du Peuple français et d’une République une et indivisible.
Jean-Pierre Chevènement: D’abord, je ne suis pas hostile au nationalisme corse : je défends avant tout l’Etat républicain, tant sur l’île que sur le continent. Je reste attaché à ce que l’Etat soit reconnu comme l’émanation de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de religion. Bien sûr, la Corse a son histoire, incarnée au XVIII e siècle par Pascal Paoli. Mais depuis le 14 juillet 1790, fête de la Fédération, la page est tournée. La Corse, qui y était représentée, fait partie intégrante de la nation et du Peuple français.
Les nationalistes à la tête de la région ne revendiquent pas l’indépendance…
La plupart de leurs revendications auraient pour conséquence de faire sortir la Corse du cadre républicain. La reconnaissance de la nation corse, la co-officialité de la langue corse avec le français, le statut de résident fiscal qui remettrait en cause le principe de l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt, sont des revendications inacceptables. La Corse est la collectivité la plus décentralisée de France. Sur certains sujets comme l’investissement, les liaisons entre l’île et le continent, il est normal de débattre. Mais il faut maintenir le principe de la souveraineté du Peuple français et d’une République une et indivisible.
Mais, depuis 2014, le FNLC a abandonné la lutte armée...
La dérive du nationalisme corse vers le grand banditisme est ancienne. Elle a été très bien décrite par François Santoni, en 2000, dans un livre intitulé « Pour solde de tous comptes » (NDLR : Editions Denoël). Alain Orsoni, qui fut l’un des chefs historiques du nationalisme corse, a été assassiné quelques mois après. Cette dérive a nourri une longue suite d’assassinats qui ne fut interrompue que faute de combattants. La police et la justice ont fait leur travail et mis sous les verrous les criminels qui ne s’étaient pas entre-tués. Mais dès qu’ils en verront l’opportunité, les nationalistes peuvent reprendre leurs actes de violence. C’est après l’une de ces trêves que le préfet Erignac avait été assassiné. Je reste donc prudent et extrêmement circonspect.
Vous êtes opposé à l’amnistie des détenus corses ?
On ne peut oublier l’assassinat du préfet Erignac ni aucun autre. Les détenus dont les nationalistes demandent la libération ne sont pas des prisonniers politiques mais ont été condamnés par la justice pour meurtre.
Les récentes manifestations xénophobes ont un lien avec le nationalisme corse ?
Les attentats du 13 novembre n’ont déclenché nulle part ailleurs en France de telles manifestations xénophobes. Le nationalisme corse est par définition un nationalisme ethnique qui exclut tout ce qui n’est pas corse. Il y a un mot dans l’île, les « pinsut », pour désigner les continentaux.
Etes-vous préoccupé par l’évolution politique sur l’île ?
Les propos de Manuel Valls sont ceux qu’on peut attendre d’un Premier ministre de la République. Bernard Cazeneuve, avec le verbe précis qui le caractérise, a montré le souci de faire ce qu’il est possible dans le cadre démocratique. Ce qui me préoccupe, c’est l’avenir de la France dans la période troublée qui s’annonce. Les attentats jihadistes ne vont pas cesser comme par miracle. Il faut que l’Etat soit solidement caréné pour faire face au terrorisme jihadiste.
Quel est le rapport avec la Corse ?
La France ne doit pas se laisser entraîner dans l’engrenage de la violence, du ressentiment, de la haine, comme ce qui s’est passé à Ajaccio a pu en donner l’avant-goût. Après les attentats de novembre, le Peuple français s’est resserré autour de la nation, de la République, et de leurs symboles, « la Marseillaise » et le drapeau tricolore. Notre Peuple fait preuve de beaucoup de sang-froid et de maturité. Le grand défi qui est devant nous est l’intégration des jeunes issus de l’immigration. Leur avenir est en France. L’Etat doit faire entendre une parole à la fois ferme et généreuse. Ferme, car la nation française doit se faire respecter. Généreuse, car cette intégration ne sera réussie que si elle répond aux problèmes de l’emploi, de l’école et du logement.
La dérive du nationalisme corse vers le grand banditisme est ancienne. Elle a été très bien décrite par François Santoni, en 2000, dans un livre intitulé « Pour solde de tous comptes » (NDLR : Editions Denoël). Alain Orsoni, qui fut l’un des chefs historiques du nationalisme corse, a été assassiné quelques mois après. Cette dérive a nourri une longue suite d’assassinats qui ne fut interrompue que faute de combattants. La police et la justice ont fait leur travail et mis sous les verrous les criminels qui ne s’étaient pas entre-tués. Mais dès qu’ils en verront l’opportunité, les nationalistes peuvent reprendre leurs actes de violence. C’est après l’une de ces trêves que le préfet Erignac avait été assassiné. Je reste donc prudent et extrêmement circonspect.
Vous êtes opposé à l’amnistie des détenus corses ?
On ne peut oublier l’assassinat du préfet Erignac ni aucun autre. Les détenus dont les nationalistes demandent la libération ne sont pas des prisonniers politiques mais ont été condamnés par la justice pour meurtre.
Les récentes manifestations xénophobes ont un lien avec le nationalisme corse ?
Les attentats du 13 novembre n’ont déclenché nulle part ailleurs en France de telles manifestations xénophobes. Le nationalisme corse est par définition un nationalisme ethnique qui exclut tout ce qui n’est pas corse. Il y a un mot dans l’île, les « pinsut », pour désigner les continentaux.
Etes-vous préoccupé par l’évolution politique sur l’île ?
Les propos de Manuel Valls sont ceux qu’on peut attendre d’un Premier ministre de la République. Bernard Cazeneuve, avec le verbe précis qui le caractérise, a montré le souci de faire ce qu’il est possible dans le cadre démocratique. Ce qui me préoccupe, c’est l’avenir de la France dans la période troublée qui s’annonce. Les attentats jihadistes ne vont pas cesser comme par miracle. Il faut que l’Etat soit solidement caréné pour faire face au terrorisme jihadiste.
Quel est le rapport avec la Corse ?
La France ne doit pas se laisser entraîner dans l’engrenage de la violence, du ressentiment, de la haine, comme ce qui s’est passé à Ajaccio a pu en donner l’avant-goût. Après les attentats de novembre, le Peuple français s’est resserré autour de la nation, de la République, et de leurs symboles, « la Marseillaise » et le drapeau tricolore. Notre Peuple fait preuve de beaucoup de sang-froid et de maturité. Le grand défi qui est devant nous est l’intégration des jeunes issus de l’immigration. Leur avenir est en France. L’Etat doit faire entendre une parole à la fois ferme et généreuse. Ferme, car la nation française doit se faire respecter. Généreuse, car cette intégration ne sera réussie que si elle répond aux problèmes de l’emploi, de l’école et du logement.