La reconquête par la gauche de l’électorat populaire, voilà l’objectif excellemment fixé par Ségolène Royal samedi. Sa personnalité, déjà, contribue, selon les sondages, à les séduire plus que le prêchi-prêcha traditionnel des militants, peut-être juste dans le fond, mais usé dans la forme. Il faut recréer un espoir, comme dans les années soixante-dix, mais cet espoir ne peut plus venir d’une « alliance de sommet ». Il ne peut venir, pour le moment, que de la base ou plus exactement d’une dialectique entre la base et la candidate. C’est ainsi que la confiance peur revenir. On m’objectera que ce rapport entre la candidate et le peuple n’est pas dénué d’une certaine religiosité, dans une société pourtant « sortie de la religion », selon l’excellente expression de Marcel Gauchet.
Eh bien, c’est cela qui à mes yeux est précieux : religion veut dire lien et les valeurs de base de Ségolène Royal sont des valeurs parfaitement laïques, même si on sait que beaucoup de ces valeurs – et d’abord les valeurs d’égalité – sont des valeurs chrétiennes laïcisées. Ségolène Royal est « structurante ». Et les classes populaires ont un intense besoin d’être rassurées et, pour ainsi dire, « fixées ».
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 18 Décembre 2006 à 13:50
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Permalien
par Jean-Pierre Chevènement, La Tribune, vendredi 15 décembre 2006
L'Europe de Jean Monnet, avant tout économique, s'est dissoute dans la mondialisation. De là naissent son incapacité à peser et sa progressive marginalisation. La dissolution de l'Europe économique a commencé avec la libre circulation mondiale des capitaux prévue dans l'Acte unique de 1986 et effective dès 1990. Les réglementations nationales ont disparu. L'espace européen a laissé la place à la mondialisation financière. Six ans plus tard, l'adoption du traité de Maastricht s'est traduite par l'abrogation de la " préférence communautaire " au profit d'un libre-échange mondial. Cette option s'est concrétisée à la conférence de Marrakech de 1995 fondant l'OMC et sacralisant aussi bien le multilatéralisme planétaire que la prédominance des règles commerciales sur toute autre forme de normes internationales, notamment sanitaires, sociales ou environnementales.
Claire Strime évoque hier en commentaire à mon blog une « royalisation » de Jean-Pierre Chevènement plutôt qu’une « Chevènementisation de Ségolène Royal », selon l’expression un brin perfide d’Alain Duhamel. Elle ajoute : « Pour une fois, je vais me référer à Saint Thomas et attendre ce que réservera l’avenir ».
Je lui répondrai deux choses :
Emmanuel Todd a justement signalé ce matin dans son exposé à la Conférence sur l'emploi et les revenus l’énorme tabou qui pèse sur la question du libre-échange.
Les économistes institutionnels (ainsi « le Cercle des économistes », dans un petit essai intitulé Politique économique de droite, politique économique de gauche, aux éditions Perrin) nous expliquent savamment qu’il faut « donner leur juste place aux contraintes ».
Ils les citent : l’ouverture croissante aux échanges avec les pays émergeants à coûts salariaux faibles, la concurrence fiscale et la limitation des déficits publics qui imposent de revoir les dépenses publiques, les normes européennes résultant des accords internationaux et du poids des actionnaires étrangers, l’impossibilité de changer le mandat de la Banque Centrale Européenne, etc. Ce sont ces tabous qu’il faut justement faire sauter si on veut « redonner de l’air » aux économies européennes et particulièrement à la nôtre.
Claude Allègre déclarait il y a quinze jours : « Jean-Pierre Chevènement porte davantage les valeurs de la gauche que Ségolène Royal ». En est-il toujours sûr ?
Je constate qu’Alain Duhamel observe hier : « la chevènementisation de Ségolène Royal » (Libération du 13 décembre dans la page « Rebonds »). Ce serait donc bon signe ?... L’antichevènementisme fleurit à nouveau chez les bien-pensants. Et cela, c’est profondément rassurant ! Voici le texte de l'entretien que Jean-Pierre Chevènement a accordé à L'Hebdo des socialistes, le journal des adhérents du Parti socialiste.
Jean-Pierre Chevènement : « Une éthique de la responsabilité », L'Hebdo des socialistes, mercredi 13 décembre.
Quelles sont les raisons de votre ralliement à la candidature de Ségolène Royal ? Jean-Pierre Chevènement : Je récuse le terme de ralliement. Parlons plutôt d’un accord politique au terme duquel j’ai accepté de retirer ma candidature et de soutenir Ségolène Royal pour créer une dynamique dès le premier tour. Le MRC et le PS ont en commun une histoire, mais aussi un contentieux, portant notamment sur l’Europe. Jean-Pierre Chevènement est l'invité de Frédéric Rivière sur RFI mercredi 13 décembre à 8h15.
Cher Jean-Michel Aphatie, vous devriez moins prêter l’oreille à des dirigeants socialistes courageusement anonymes qui ne veulent certainement pas que du bien à Ségolène Royal : pouvez-vous franchement imaginer une seconde la scène où je demanderais à la candidate socialiste de mettre en cause M. Trichet devant les socialistes européens rassemblés à Porto, la veille d’un accord entre le PS et le MRC ? Ce serait surréaliste ! Cherchez la vérité : Ségolène Royal est libre. C’est ce qui fait sa force. Elle mène sa campagne comme elle l’entend. Et moi aussi je suis un homme libre. C’est peut-être cela qui crée des affinités …
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