Les économistes « institutionnels » pleurent tous les jours dans les gazettes sur la BCE transformée, selon eux, en bouc émissaire de la croissance faible qui caractérise la zone euro : « Voyez l’Allemagne, premier exportateur mondial, nous disent-ils, avec ses 160 milliards d’euros d’excédent commercial ! Epargnez M. Trichet, et songez plutôt à flexibiliser le marché du travail ! »
Ce qu’ils oublient :
1) L’Allemagne dispose encore de positions encore monopolistiques dans les biens d’équipement et la chimie fine. Ses exportations sont tirées par la flambée de l’investissement et de la croissance dans les pays émergents. Cela ne durera pas. La Chine crée sa propre industrie des biens d’équipement. Celle-ci sera demain plus compétitive que l’industrie allemande pour les raisons que nous savons : la Chine a toutes les capacités nécessaires et le niveau des salaires y sera durablement de un à dix fois inférieur à celui de l’industrie allemande. 2) Depuis cinq ans, l’Allemagne a assis ses efforts de compétitivité sur une forte compression de la demande intérieure : augmentation de trois heures de la durée réelle du travail mais stagnation des salaires. Les plans dits « Agenda 21 » et « Harz IV » ont coûté cher au Chancelier Schröder. Ils bénéficient aujourd’hui à Madame Merkel, mais au prix d’un chômage qui touche 4 millions de personnes en Allemagne. 3) Enfin, après la phase des délocalisations à l’Est, il faudrait prêter attention aux stratégies de relocalisation des productions à plus forte valeur ajoutée sur « le site de production Allemagne ». Les grands groupes industriels allemands savent depuis longtemps organiser une gestion très politique de leur développement. Ils jouent aujourd’hui l’Allemagne et le monde. Ils oublient aisément « l’Allemagne européenne » dont nous parlait encore le Chancelier Kohl au début des années 90.
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 10 Janvier 2007 à 18:32
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Permalien
Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, mardi 9 janvier 2007.
Dans le cadre de l'accord électoral PS-MRC, le bureau national du Mouvement Républicain et Citoyen, réuni hier soir, lundi 8 janvier 2007, a validé pour les élections législatives les candidatures suivantes :
Comme candidats titulaires :
L’URSS existe-t-elle toujours ? On pourrait le croire en lisant la « une » du Monde du 10 janvier 2007 : « Le chantage au pétrole de la Russie inquiète toute l’Europe ». De quoi s’agit-il ? En fait d’un conflit entre la Russie et la Biélorussie au sujet d’une taxe douanière instaurée par cette dernière sur le transit du pétrole russe par l’oléoduc « Droujba » qui dessert aussi la Pologne, l’Allemagne, la Slovaquie et la Hongrie. Les deux protagonistes se rejettent la responsabilité de la fermeture de cet oléoduc.
Minsk prélevant le pétrole en contrepartie de la taxe que les Russes refusent de payer, ceux-ci ont réduit leurs livraisons. Une rupture d’approvisionnement s’ensuit. L’affaire est montée en épingle comme si nous étions encore au temps de la guerre froide. Le Commissaire européen à l’énergie, M. Andris Piebalgs a demandé des explications aux deux parties. Tout laisse penser que, comme l’a indiqué le ministre allemand de l’Economie, M. Michaël Glos, une reprise rapide des approvisionnements interviendra. Pourquoi donc cette montée d’adrénaline ? Serait-ce pour justifier une diversification des voies de transit du pétrole et du gaz à travers le Caucase et la Turquie à la veille d’un sommet européen sur l’énergie, au prétexte de l’indépendance énergétique de l’Europe ? Cette agitation ne serait pas raisonnable : il n’est pas sûr en effet qu’il y ait assez de gaz dans les ex-Républiques soviétiques d’Asie Centrale pour rentabiliser le projet Nabucco censé « ouvrir à l’Europe de nouvelles sources d’approvisionnement » (Le Monde du 30 décembre 2006) L’essentiel du pétrole continuera à venir du Golfe par voie maritime. Idem pour le gaz du Qatar et de l’Iran. Deux gazoducs existent déjà en provenance de l’Algérie. D’autres pistes bien plus prometteuses sont à explorer pour assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques de l’Europe : nucléaire – charbon – biomasse – économies d’énergie.
Ségolène Royal en Chine a mis le doigt sur ce qui conditionne le développement de notre partenariat stratégique avec ce grand pays : la promotion des droits humains et particulièrement sociaux parallèlement au développement économique. La légitimité de ce développement n’est pas contestable. Ce qui est contestable et sera de plus en plus contesté, c’est la mise en concurrence par les multinationales des main d’œuvre et des territoires dans des conditions de rémunération et de protection sociale si durablement inégales que la délocalisation de l’industrie hors d’Europe en est l’inévitable résultat. Il appartient aux autorités chinoises de faire en sorte que le développement de leur pays se fasse au bénéfice de leur propre peuple par l’instauration d’un système de sécurité sociale et d’un droit du travail moderne. Cela seul à long terme permettra l’harmonie avec la communauté internationale qui est dans l’intérêt de la Chine. C’est dans ce contexte que le partenariat stratégique entre la France et la Chine pourra revêtir une valeur exemplaire.
Il m’arrive d’être d’accord avec la Commission européenne, ainsi quand M. Piebalgs, commissaire européen à l’énergie, s’affranchissant du « politiquement correct » - cela arrive – plaide dans un rapport qui devrait être discuté le 10 janvier pour le développement de l’électronucléaire.
« Cette énergie, écrit-il, est moins vulnérable aux fluctuations du prix que le charbon ou le gaz. Surtout, elle est, de toutes les énergies qui rejettent peu de carbone, la plus développée dans l’Union européenne. Enfin, contrairement aux hydrocarbures, l’uranium est disponible en quantité suffisante pour plusieurs décennies et réparti dans plusieurs régions du monde ».
M. Denis Mac Shane, ancien ministre des Affaires européennes de Tony Blair, écrit lui aussi à juste titre : « L’énergie nucléaire est aujourd’hui la seule à pouvoir garantir un approvisionnement énergétique de masse qui évite l’augmentation des émissions de CO2 et la dépendance vis-à-vis des exportateurs d’hydrocarbures ».
Le Président est le plus implacable procureur de son propre bilan en matière d’enseignement supérieur quand il propose, dans ses « vœux aux forces vives », le 4 janvier dernier, « de consacrer à nos étudiants autant que le font les autres grandes nations, soit 30 % de plus qu’actuellement ».
Cette priorité tardive est quand même une bonne idée que la gauche peut reprendre à son compte à condition de l’assortir de réformes profondes : rapprochement d’universités pour leur donner la taille critique, réforme de la loi de janvier 1984 sur l’enseignement supérieur en vue de renforcer la capacité d’action à long terme des Présidents d’Université, mobilité accrue entre grands organismes de recherche et établissements d’enseignement supérieur, toutes choses qui ne pourront être menées à bien sans une intense concertation, sur le modèle du grand colloque national que j’avais organisé en 1981-1982 sur la recherche et la technologie. Il y a du pain sur la planche ! Grands textesNovembre 1994 : Jean-Pierre Chevènement, alors député à l’Assemblée Nationale, effectuait une tournée au Moyen-Orient (Jordanie – Irak – Israël – Palestine). Il était chargé par le Premier ministre de l’époque, Edouard Balladur, d’une missive à Saddam Hussein tendant à la reconnaissance par l’Irak de la frontière avec le Koweit.
Le Vert et le noir (intégrisme, pétrole, dollar), Jean-Pierre Chevènement, Grasset, 1995
« Voilà donc Saddam Hussein. Cette vie pleine de bruit et de fureur ne prend sens qu’à la lumière du rêve arabe de forcer les passages de l’Histoire, à partir de ce pays forgé par la violence. Entrevoyant et le rêve fracassé et le bilan désastreux pour l’Irak de quinze années de guerre, je suis frappé par la diction mesurée et précise de l’homme, sa maîtrise de soi, le regard distancié qu’il paraît garder sur la marche du monde. Il me réitère la volonté de l’Irak de privilégier sa relation avec la France, pour autant que celle-ci en aura elle-même la volonté. Je crois deviner que ce temps ne durera pas toujours : Saddam Hussein sait désormais ce que sont les rapports de forces, dans le monde de l’après-guerre froide.
Une des premières questions que je posai à Saddam Hussein fut de savoir la raison des mouvements de troupes irakiennes aux approches du Koweit, au début d’octobre. N’avait-il pas fourni un prétexte aux Américains ? Grands textes
Janvier 1990 : Rencontre Jean-Pierre Chevènement – Saddam Hussein
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