Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Une nouvelle saignée pour l’économie française



Le Premier ministre a revêtu les habits du Docteur Diafoirus pour administrer une nouvelle saignée à l’économie française. Il s’agit non pas de protéger les Français mais de convaincre les agences de notation et d’enrayer la spéculation. La monnaie unique est un tonneau des Danaïdes où s’engloutit l’effort des Français. Le malade finira par mourir guéri.

Il y avait d’autres moyens : la mobilisation des ressources de la Banque centrale et un plan de relance à l’échelle européenne. Celui-ci permettrait de résorber la dette.


Mots-clés : bce, dette, euro, françois fillon
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le Lundi 7 Novembre 2011 à 20:49 | Lu 2651 fois



1.Posté par Yves DAELIII le 07/11/2011 23:38
Mourir, certainement ! Guéri, ça certainement pas !!

2.Posté par Gilbert RIBES le 08/11/2011 00:56
RENAISSANCE DE L’INDUSTRIE ET DE L’EMPLOI DANS L’UNION EUROPEENNE.
Pour assurer la paix sociale, le premier impératif pour l’Union Européenne est de créer les conditions du plein emploi et de l’amélioration du pouvoir d’achat de tous ses habitants.
Pour garantir son indépendance économique, l’Union Européenne doit être en mesure d’équilibrer durablement sa balance des paiements courants et de rembourser ses dettes publiques et ses dettes extérieures.
Elle ne pourra pas atteindre ces deux objectifs sans une renaissance industrielle, indispensable pour équilibrer sa balance commerciale et pour employer sa main d’œuvre peu qualifiée.
Il serait illusoire de croire que la recherche et l’innovation y suffiront. En effet la plupart des nouveaux produits conçus dans les pays développés sont fabriqués dans les pays émergents dès leur apparition (ex.nouveaux produits d’Apple, Dell, Sony ou HP). D’autre part certains pays émergents disposent d’un réservoir d’ingénieurs et de techniciens qui leur permet de développer les hautes technologies nécessaires dans la plupart des domaines industriels (spatial, ordinateurs, portables, smartphones, panneaux solaires,éoliennes, centrales nucléaires coréennes, TGV chinois). Sans compter, grâce à leurs réserves de change, le rachat par certains pays émergents d’entreprises occidentales qui, outre des marques et des réseaux commerciaux, leur apportent certaines technologies qui leur font encore défaut (ex :les rachats de Volvo, Jaguar, Land-Rover et Saab par des entreprises chinoises ou indiennes ne devraient pas tarder à faire souffrir les salariés des usines européennes de la filière automobile).
Le dernier avantage compétitif des pays développés par rapport à certains pays émergents (la recherche et l’innovation) est donc en voie de disparition rapide. Subsistera alors, pendant de longues années, l’avantage compétitif de ces pays :des coûts de main d’œuvre très inférieurs, avec une productivité industrielle équivalente (un grand pays comme la Chine bénéficiera de deux atouts supplémentaires :un marché intérieur et un réservoir de main d’œuvre deux fois plus importants que ceux de l’Union Européenne).
L’Union Européenne ne pourra donc se réindustrialiser et atteindre ses objectifs (paix sociale et indépendance économique) qu’en instaurant un protectionnisme commercial vis-à-vis des pays dont la balance des paiements courants avec l’Union Européenne est largement excédentaire, aussi longtemps que ces pays ne respecteront pas les normes sociales fixées par l’ONU et par l’OIT et des normes environnementales et juridiques comparables à celles de l’Union Européenne.

3.Posté par Guillaume DELYE le 08/11/2011 19:20
En réponse à Gilles

Il faut en effet se battre sur tous les fronts et n'en abandonner aucun. La puissance industrielle de l'Allemagne montre qu'il n'y a pas de fatalisme au déclin industriel des années libérales.
Le protectionnisme ne peut se concevoir que sous des formes déguisées : instauration d'une TVA sociale en contrepartie de la CSG sur les entreprises françaises.
.. sauf à revoir toute l'architecture du commerce internationale en établissant de nouvelles règles au sein de l'OMC consistant à moduler les droits de douane en fonction de la de la démographie des différents pays membres et des efforts entrepris pour la juguler. De leur coté, les pays développés devraient faire des efforts pour orienter le progrès technique dans un sens favorable à l'emploi (innovations de produits et non de procédés).
Un projet herculéen que seul notre "Che" national pourrait entreprendre...

4.Posté par Gilbert RIBES le 08/11/2011 19:43
En réponse à Guillaume.
"revoir toute l'architecture du commerce international" "nouvelles règles au sein de l'OMC".
En effet,voir ci-après une proposition inspirée par Maurice Allais.

NOUVEAU SCHEMA DE REGULATION DES ECHANGES COMMERCIAUX INTERNATIONAUX.

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale les américains avaient,dans le cadre du Plan Marshall, aidé les pays européens à se reconstruire et à se hisser,en quelques années(les « 30 Glorieuses »), à leur niveau de développement,par un transfert massif de capitaux et de technologies.Mais ils avaient maintenu des barrières douanières pour ne pas ouvrir leur pays à une concurrence inéquitable, tout en y trouvant l’opportunité de favoriser leur croissance et leur emploi et de conquérir des positions durables dans l’économie européenne.Cet exemple peut servir de modèle pour concevoir un nouveau schéma de régulation des échanges commerciaux internationaux,une nouvelle organisation de la mondialisation.

Cette organisation serait fondée sur des ensembles homogènes de pays ayant des normes sociales,environnementales,sanitaires et juridiques comparables.A l’intérieur de chaque ensemble la libre concurrence serait la règle.A l’extérieur,chaque ensemble serait en droit de se protéger contre la concurrence inéquitable d’un autre ensemble dont les normes sociales, environnementales et sanitaires ne sont pas comparables, induisant des écarts de coûts importants, ou dont les normes juridiques empêchent une juste réciprocité.

Chaque pays aurait intérêt à se regrouper avec des pays ayant des normes comparables pour créer un marché interne suffisamment vaste pour soutenir sa production et suffisamment équilibré pour que la concurrence interne soit équitable et bénéfique pour tous les partenaires de l’ensemble.

Le développement économique de chaque ensemble serait fondé prioritairement sur sa demande intérieure(c’est-à-dire la satisfaction des besoins des populations locales) et non pas sur les exportations vers les autres ensembles.Il viserait à lui assurer la plus grande autonomie économique possible et à permettre,au sein de chaque ensemble, la promotion des normes sociales, environnementales,sanitaires et juridiques les plus élevées. Les échanges commerciaux entre les différents ensembles seraient limités à la satisfaction des besoins qui ne peuvent pas être satisfaits en interne.L’objectif serait que ces échanges soient équilibrés.

Ces ensembles pourraient être régionaux,sur le modèle de l’Union Européenne,du Mercosur ou de l’Asean.Mais ils pourraient s’étendre à des pays plus lointains dès lors que les normes y seraient comparables ;c’est ainsi que l’Union Européenne,les Etats-Unis et le Japon pourraient faire partie du même ensemble,sous réserve d’un accord sur leurs politiques commerciales extérieures vis-à-vis des autres ensembles.

Ce schéma pourrait évoluer,à terme,jusqu’à une libéralisation complète des échanges commerciaux au niveau mondial, dès lors que les normes sociales,environnementales, sanitaires et juridiques finiraient par converger.

La mise en œuvre d’un nouveau système de régulation monétaire internationale (taux de change,gestion des réserves de change,mécanisme de rééquilibrage des balances de paiements courants,contrôle de la création monétaire)devrait accompagner cette nouvelle régulation des échanges commerciaux internationaux,tant à l’intérieur de chaque ensemble qu’entre les différents ensembles.

CONSEQUENCES DE CETTE NOUVELLE REGULATION DES ECHANGES COMMERCIAUX INTERNATIONAUX.

Cette nouvelle régulation provoquerait une renaissance de l’industrie dans l’Union Européenne.Cette réindustrialisation entraînerait une forte croissance des créations d’emplois,une augmentation des recettes fiscales et sociales et une réduction des déficits ,des endettements publics et des dettes extérieures et permettrait à l’Union Européenne de sortir de la crise.

Cette nouvelle régulation freinerait l’accumulation de réserves de change par les pays émergents qui ont fondé leur croissance sur les exportations et conduirait ces pays à accélérer la croissance de leur demande intérieure, de l’emploi et du pouvoir d’achat de leurs concitoyens qui ne bénéficient pas encore des retombées de leur croissance économique. Pour y parvenir ils seraient amenés à renforcer et généraliser leur système de protection sociale( santé, retraites, gratuité de l’enseignement)pour réduire le taux d’épargne des ménages(40 % pour les ménages chinois) et à accélérer le relèvement des salaires (troisième principe du « fordisme »).Pour un pays comme la Chine,il n’y a d’ailleurs pas d’autre solution ,face à la nécessité, sociale et politique, de créer 30 millions de nouveaux emplois par an.Un yuan rendu convertible et réévalué dans le cadre d’un nouveau Système Monétaire International devrait accompagner ces évolutions.

5.Posté par Guillaume DELYE le 08/11/2011 21:28
Réponse à Gilbert
Je souscris en grande partie à l'analyse de Maurice Allais, à ceci près qu'au lieu de se diriger vers une régionalisation du commerce extérieur, on pourrait aussi fournir des incitations aux différents pays membres de l'OMC pour qu'ils convergent vers des normes compatibles.

L'élément novateur qu'il me semble capital d'introduire dans le schéma de Maurice Allais serait la référence à des normes démographiques communes de décroissance concertée. L'origine de tous nos maux (la pauvreté dans les PVD, le chômage et l'exclusion dans les PVD) me semble provenir de la surabondance de la main d'oeuvre à l'échelle du monde avec pour corollaire une insuffisance relative de capital technique. Trop d'hommes, pas assez de machines, donc pas assez de postes de travail.

De là se dégagent deux pistes d'action :

- Eriger un système douanier international qui module les droits de douane en fonction des indices démographiques de chaque pays, et ce de manière évidemment réciproque.

- Réorienter le progrès technique dans un sens favorable à l'emploi car la mise en compétition frontale des pays émergents avec les PDEM incite ces derniers à orienter le progrès technique dans le sens des économies de main d'oeuvre, réflexe en effet salutaire à l'échelle d'un pays, mais dévastateur sur le plan collectif puisque cela réduit encore le volume de l''emploi. Entre délocaliser et automatiser, Entre délocaliser et automatiser, le choix est nécessairement différent selon que l'on raisonne à l'échelle d'un Etat ou de la communauté des Etats. La mise en concurrence des PDEM avec les pays émergents s'avère donc doublement désastreuse - et pour nous et pour eux. Les politiques publiques d'aide à l'innovation devraient donc être modulées en fonction de leur impact sur l'emploi. Si l'on ne peut éluder le progrès technique, il nous revient de l'orienter dans un sens positif.

Argument supplémentaire : les déséquilibres écologiques de notre bonne vielle planète me semblent aussi en grande partie dus à l'explosion démographique que nous avons connue au cours du dernier siècle (de 500 millions d'habitants avant 1800, nous sommes à présent parvenus à 7 milliards d'êtres humains).

Se limiter à l'édiction de normes sociales et démographiques par l'OMC revient à s'attaquer aux symptômes du mal plutôt qu'à ses racines profondes : la démographie.

Je suis en train de donner beaucoup de travail à JPC, mais, heureusement, 'il a encore de nombreuses soirées d'hiver pour y songer !

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