Alors que Nicolas Sarkozy se rend mardi sur la tombe du Général de Gaulle, Jean-Pierre Chevènement, admirateur du second, nous livre sa conception du Gaullisme. Il revient sur ce qu’il en reste - "pas grand chose"- et sur le rapport du Président actuel à l’homme du 18-juin
Le JDD.fr : Qu’est-ce que le gaullisme: une attitude, des principes, une doctrine?
Jean-Pierre Chevènement : De Gaulle existe. Le gaullisme existe-il ? Cela prête à d’abondantes dissertations. S’il existait, le gaullisme serait pour moi une forme de patriotisme républicain qui s’est manifesté évidemment en 1940 par le refus de la défaite, de l’armistice et de la collaboration avec l’Occupant. Mais, plus généralement, le gaullisme, c’est un sens très élevé de l’intérêt général et de la République.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui?
Pas grand-chose car la droite a tourné le dos à la nation et la gauche a perdu les couches populaires. Nous avons eu des gouvernements successifs qui ont sacrifié la souveraineté nationale sur l’autel d’une certaine Europe et ont livré la France à une mondialisation sans règle. Nous avons aujourd’hui un pays qui n’a plus ni monnaie ni défense, ni droit autonome. Beaucoup de nos industries ont été délocalisées ou sont en voie de délocalisation. Notre langue et notre influence reculent. Il ne reste du gaullisme que la constitution de 1958 mais avec un Président très diminué et une constitution qui a été profondément altérée.
Le JDD.fr : Qu’est-ce que le gaullisme: une attitude, des principes, une doctrine?
Jean-Pierre Chevènement : De Gaulle existe. Le gaullisme existe-il ? Cela prête à d’abondantes dissertations. S’il existait, le gaullisme serait pour moi une forme de patriotisme républicain qui s’est manifesté évidemment en 1940 par le refus de la défaite, de l’armistice et de la collaboration avec l’Occupant. Mais, plus généralement, le gaullisme, c’est un sens très élevé de l’intérêt général et de la République.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui?
Pas grand-chose car la droite a tourné le dos à la nation et la gauche a perdu les couches populaires. Nous avons eu des gouvernements successifs qui ont sacrifié la souveraineté nationale sur l’autel d’une certaine Europe et ont livré la France à une mondialisation sans règle. Nous avons aujourd’hui un pays qui n’a plus ni monnaie ni défense, ni droit autonome. Beaucoup de nos industries ont été délocalisées ou sont en voie de délocalisation. Notre langue et notre influence reculent. Il ne reste du gaullisme que la constitution de 1958 mais avec un Président très diminué et une constitution qui a été profondément altérée.
Quelle place tient de Gaulle dans votre panthéon personnel?
Le Général de Gaulle a été le grand homme d’Etat de la France au XXè siècle. Mitterrand a aussi été un homme d’Etat à la vue longue mais il a fait embrasser à la France la cause d’une Europe mal définie. Je pense notamment à la monnaie unique.
Le Général De Gaulle se voulait au dessus des partis, diriez-vous la même chose de Nicolas Sarkozy?
De Gaulle ne prétendait pas incarner la droite ou la gauche, il voulait rassembler la France. Il y a réussi, en tout cas dans la Résistance. Grâce à l’appui de Jean Moulin, il a acquis la légitimité du soutien de la résistance intérieure puis il a unifié la Résistance dans le gouvernement provisoire de la République française. Nicolas Sarkozy, lui, arrive même à diviser son camp. Il est très fort ! Il n’est plus l’homme de la Nation. Il est l’élu d’un parti majoritaire. Je ne conteste pas sa légitimité mais j’observe que la définition du Président comme étant l’émanation de la Nation tout entière n’existe plus guère.
Il ne s’inscrit donc pas, selon vous, dans l’héritage du Général de Gaulle?
Il ne me paraît pas être l’héritier du général de Gaulle. Il a réintégré le commandement de l’Otan, un geste hautement symbolique. Il a voté le traité de Maastricht, fait voter le traité de Lisbonne qui est la reprise de la Constitution européenne que le peuple a rejetée. Je pense que le Général de Gaulle respectait les décisions du peuple. Sarkozy est très loin du Général de Gaulle.
J’ajoute que le général De Gaulle, comme disaient ses fidèles, habitait sa statue. Monsieur Sarkozy n’habite pas sa statue. Pour une raison très simple: il n’en a pas et a beaucoup de peine à habiter sa fonction. Je le regrette parce qu’il n’a pas que des défauts.
Beaucoup se réfèrent à l’héritage du Général. Quelqu’un incarne-t-il le Gaullisme à vos yeux?
Il ne suffit pas de s’en réclamer. En tout cas, la France est aujourd’hui dans une situation très difficile. Donc, il est possible qu’il y ait quelqu’un qui puisse évoquer le Général de Gaulle mais il faudra qu’il surgisse au bon moment et qu’il fasse des propositions qui tiennent la route. Pour le moment, je scrute l’horizon. Je regarde s’il y a un nuage de poussière qui me permettrait de répondre de manière optimiste…
Source : LeJDD.fr.
Le Général de Gaulle a été le grand homme d’Etat de la France au XXè siècle. Mitterrand a aussi été un homme d’Etat à la vue longue mais il a fait embrasser à la France la cause d’une Europe mal définie. Je pense notamment à la monnaie unique.
Le Général De Gaulle se voulait au dessus des partis, diriez-vous la même chose de Nicolas Sarkozy?
De Gaulle ne prétendait pas incarner la droite ou la gauche, il voulait rassembler la France. Il y a réussi, en tout cas dans la Résistance. Grâce à l’appui de Jean Moulin, il a acquis la légitimité du soutien de la résistance intérieure puis il a unifié la Résistance dans le gouvernement provisoire de la République française. Nicolas Sarkozy, lui, arrive même à diviser son camp. Il est très fort ! Il n’est plus l’homme de la Nation. Il est l’élu d’un parti majoritaire. Je ne conteste pas sa légitimité mais j’observe que la définition du Président comme étant l’émanation de la Nation tout entière n’existe plus guère.
Il ne s’inscrit donc pas, selon vous, dans l’héritage du Général de Gaulle?
Il ne me paraît pas être l’héritier du général de Gaulle. Il a réintégré le commandement de l’Otan, un geste hautement symbolique. Il a voté le traité de Maastricht, fait voter le traité de Lisbonne qui est la reprise de la Constitution européenne que le peuple a rejetée. Je pense que le Général de Gaulle respectait les décisions du peuple. Sarkozy est très loin du Général de Gaulle.
J’ajoute que le général De Gaulle, comme disaient ses fidèles, habitait sa statue. Monsieur Sarkozy n’habite pas sa statue. Pour une raison très simple: il n’en a pas et a beaucoup de peine à habiter sa fonction. Je le regrette parce qu’il n’a pas que des défauts.
Beaucoup se réfèrent à l’héritage du Général. Quelqu’un incarne-t-il le Gaullisme à vos yeux?
Il ne suffit pas de s’en réclamer. En tout cas, la France est aujourd’hui dans une situation très difficile. Donc, il est possible qu’il y ait quelqu’un qui puisse évoquer le Général de Gaulle mais il faudra qu’il surgisse au bon moment et qu’il fasse des propositions qui tiennent la route. Pour le moment, je scrute l’horizon. Je regarde s’il y a un nuage de poussière qui me permettrait de répondre de manière optimiste…
Source : LeJDD.fr.