Le Figaro : Partagez-vous l’avis d’Arnaud Montebourg sur la démondialisation ?
Jean-Pierre Chevènement: La France et l’Europe sont allées trop loin dans la voie d’une complète dérégulation. La décompartimentation de tous les marchés a ouvert la voie à une économie-casino à l’échelle mondiale. Tout est désormais matière à spéculation : actifs financiers, devises, matières premières, titres d’assurances même : savez-vous que les « produits dérivés » atteignent un montant égal à plusieurs fois le PNB mondial ? Le système est devenu fou. On l’a provisoirement rapetassé aux frais du contribuable, après la crise de 2008-2009, mais tout est reparti comme avant : superprofits bancaires, bonus et parachutes dorés. Il faut reréglementer les mouvements de capitaux, remettre de la viscosité dans le système.
Maintenant la spéculation se déchaine contre les pays les plus faibles de l’euro. On découvre avec retard que le choix de la monnaie unique a été une monumentale erreur. Peut-on faire confiance à ceux qui nous ont mis dans cette impasse pour nous en sortir ?
M. Sarkozy justifie ses « réformes » par le maintien du « triple A » qu’accordent à la France les Agences de notation : comment mieux reconnaître l’emprise des marchés financiers sur notre politique ? Standard and Poors a remplacé la souveraineté populaire ! Quant au PS, son programme, dont le coût est estimé entre 25 et 125 milliards d’euros, risque de fonctionner comme un leurre, car le PS est lui-même rongé intérieurement par l’obsession de la dette.
Or, on ne gouverne pas un grand peuple avec le triple A pour horizon. La France a besoin d’un grand projet national, à l’échelle de l’Europe et du monde. Le mot « démondialisation » a l’inconvénient de faire croire qu’un retour à la situation antérieure est possible. Non ! Il faut inventer ! sortir de la domination des marchés financiers. Revoir les règles du jeu de l’euro. Ouvrir à la BCE de nouvelles missions : soutenir la croissance et l’emploi, agir sur le cours surévalué de l’euro, racheter les titres de dette pour casser la spéculation. Le défaut de la Grèce est inéluctable car la récession creuse le déficit et la dette. Le FMI et l’Europe n’ont pas d’autre but que de faire rentrer les créanciers, c’est-à-dire les banques, dans leurs fonds. Si on ne convainc pas l’Allemagne de changer les règles de l’euro, nous serons inévitablement conduits à reprendre notre liberté monétaire. Il vaudrait mieux que ce soit à l’intérieur d’un SME bis et sous le toit européen d’un euro devenu monnaie commune. Il faut offrir à la France un projet de réindustrialisation, ouvrir aux particuliers la possibilité de souscrire à la dette publique. La France a, avec l’Allemagne et le Japon, l’épargne la plus abondante du monde. Bref, il faut offrir un avenir à la jeunesse !
Jean-Pierre Chevènement: La France et l’Europe sont allées trop loin dans la voie d’une complète dérégulation. La décompartimentation de tous les marchés a ouvert la voie à une économie-casino à l’échelle mondiale. Tout est désormais matière à spéculation : actifs financiers, devises, matières premières, titres d’assurances même : savez-vous que les « produits dérivés » atteignent un montant égal à plusieurs fois le PNB mondial ? Le système est devenu fou. On l’a provisoirement rapetassé aux frais du contribuable, après la crise de 2008-2009, mais tout est reparti comme avant : superprofits bancaires, bonus et parachutes dorés. Il faut reréglementer les mouvements de capitaux, remettre de la viscosité dans le système.
Maintenant la spéculation se déchaine contre les pays les plus faibles de l’euro. On découvre avec retard que le choix de la monnaie unique a été une monumentale erreur. Peut-on faire confiance à ceux qui nous ont mis dans cette impasse pour nous en sortir ?
M. Sarkozy justifie ses « réformes » par le maintien du « triple A » qu’accordent à la France les Agences de notation : comment mieux reconnaître l’emprise des marchés financiers sur notre politique ? Standard and Poors a remplacé la souveraineté populaire ! Quant au PS, son programme, dont le coût est estimé entre 25 et 125 milliards d’euros, risque de fonctionner comme un leurre, car le PS est lui-même rongé intérieurement par l’obsession de la dette.
Or, on ne gouverne pas un grand peuple avec le triple A pour horizon. La France a besoin d’un grand projet national, à l’échelle de l’Europe et du monde. Le mot « démondialisation » a l’inconvénient de faire croire qu’un retour à la situation antérieure est possible. Non ! Il faut inventer ! sortir de la domination des marchés financiers. Revoir les règles du jeu de l’euro. Ouvrir à la BCE de nouvelles missions : soutenir la croissance et l’emploi, agir sur le cours surévalué de l’euro, racheter les titres de dette pour casser la spéculation. Le défaut de la Grèce est inéluctable car la récession creuse le déficit et la dette. Le FMI et l’Europe n’ont pas d’autre but que de faire rentrer les créanciers, c’est-à-dire les banques, dans leurs fonds. Si on ne convainc pas l’Allemagne de changer les règles de l’euro, nous serons inévitablement conduits à reprendre notre liberté monétaire. Il vaudrait mieux que ce soit à l’intérieur d’un SME bis et sous le toit européen d’un euro devenu monnaie commune. Il faut offrir à la France un projet de réindustrialisation, ouvrir aux particuliers la possibilité de souscrire à la dette publique. La France a, avec l’Allemagne et le Japon, l’épargne la plus abondante du monde. Bref, il faut offrir un avenir à la jeunesse !
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Voir la version "amputée" de l'entretien au Figaro
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